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3 juin 2021 4 03 /06 /juin /2021 07:21
Louange et Adoration Eucharistique - Église du Ménil-Broût

Louange et Adoration Eucharistique - Église du Ménil-Broût

 

Le sacrifice ou la gratuité ?

 

 

     La colère est souvent une réaction spontanée à la suite d'une catastrophe qui frappe à l'aveugle : un accident, une maladie, le drame d'un décès. L'accusation est parfois rapidement établie, entre, d'une part l'effort de mener une vie juste (et parfois même pieuse), et d'autre part un soit-disant manque de retour, une ingratitude de la part de Dieu, exprimée par cette conviction du fait de ne pas mériter ce qui survient dans le malheur. « Tout cela pour ça ! » « La prière ne sert donc à rien ! »

 

     Si ce genre de pensée nous affecte parfois, nous pouvons alors nous dire que les messages de ce dimanche, (et en particulier celui de la deuxième lecture), nous concernent bien, malgré toutes les apparences. Dans cette deuxième lecture, l'auteur combat l'idée des sacrifices sanglants, que nous devrions effectuer, afin de pouvoir nous attirer la protection et la bénédiction de Dieu. S'il y a longtemps que nous n'effectuons plus de sacrifices sanglants, que nous n'abattons plus d'innocents animaux sur les autels de nos temples et de nos églises, l'idée reste courante néanmoins, qu'il soit nécessaire d'effectuer des sacrifices (d'autres sortes) afin de pouvoir attirer à soi les bonnes faveurs de Dieu. C'est du donnant donnant en quelque sorte. Cette manière de penser nous est d'autant plus naturelle, familière et spontanée qu'elle correspond à celle du monde, dans lequel rien n'est gratuit. Si pour le monde, il faut payer de son argent afin de se procurer un bien, pour Dieu, il faudrait tout autant payer de sa personne pour se procurer un bienfait.

 

     Idée commune et répandue, mais qui n'est pas juste, pas juste du tout !

 

     Le sacrifice parfait du Christ, nous raconte l'auteur de l'épître aux hébreux, rend caduques tous les autres sacrifices quels qu'ils soient, sanglants ou non ! « Le sang du Christ fait bien davantage » que tout ce que nous pourrons jamais offrir ! Le Christ a déjà payé. La dette est remise, totalement, complètement. Il n'y a pas lieu de l'entretenir par nos pensées et par nos gestes. Cet acte sacrificiel du Christ nous fait entrer dans un ordre différent que de celui du « donnant-donnant » : il nous fait entrer dans l'ordre de la gratuité, du don, de la générosité pure, désintéressée.

 

     Et si nous avons beaucoup de mal à entrer dans cet ordre, c'est que le monde et ses lois nous rendent aveugles et endormis sur le fait que la gratuité est la logique de la vie même. Il faut gratter un peu au-delà de la superficialité de notre quotidien pour s'en rendre compte. Qui a jamais payé pour la terre que certains veulent vendre par petits morceaux ? Qui a jamais « mérité » l'organisme qui est le sien et l'air qu'il respire ? Ce que la vie nous offre gratuitement dans l'ordre de la création, le Christ nous l'offre, tout autant gratuitement, dans l'ordre de la rédemption.

 

     Le corps et le sang du Christ continuent de nous être offerts, afin de nous rappeler cette rédemption totalement gratuite et imméritée, et de nous faire entrer dans cette logique, dans cet ordre de la gratuité. Il ne peut plus être question de payer afin de s'attirer quelque bénédiction que ce soit, mais de vivre dans la fidélité et la cohérence d'avec ce qui nous est déjà totalement offert.

 

     Bien entendu, le scandale du mal complique considérablement les choses. Mais le scandale du mal, jamais totalement ne nous privera de notre liberté intérieure, et toujours nous aurons à nous soutenir les uns les autres afin qu'il ne nous « attrape » pas, qu'il ne nous piège pas dans des logiques de pensée qui seraient au dessous de nos vocations, qui doivent toujours s'orienter vers la louange et la gratitude envers Dieu.

 

     J'aime à me rappeler qu'une des plus belles pièces musicales jamais écrites, « que ma joie demeure », l'a été fait par un homme qui a perdu onze enfants en bas age, Jean-Sébastien Bach. Son âme, sa personne est jusqu'au bout restée plus forte que tous les malheurs qui ont pu l'accabler. La force de J.S. Bach ne pouvait-elle pas provenir de sa contemplation incessante de la personne du Christ, et de la manière avec laquelle ce dernier a traversé le malheur et l'ingratitude ? Comme Bach, comme le Christ, ne sommes-nous pas capables, nous-mêmes, de toujours choisir la vie ? Réjouissons-nous du cadeau toujours offert, et prions afin d'entrer dans le monde de gratuité que Dieu nous offre, en nous donnant sa vie !

 

 

 Le Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ – Année B

Dimanche qui Suit la Sainte Trinité

 

 

1. Exode 24, 3-8 : Voici le sang de l'Alliance que le Seigneur a conclue avec vous.

 

2. Psaume 115 : Nous partageons la coupe du salut en invoquant le nom du Seigneur.

 

3. Hébreux 9, 11-15 : Le sang du Christ purifiera notre conscience.

 

4. Marc 14, 12-16. 22-26 : Ceci est mon corps, ceci est mon sang.

 

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commentaires

C
Merci d'avoir trouvé les mots justes pour inviter à ce "déplacement" subtil" : la confiance et le lâcher prise en Dieu sont parlant et résonnent intensément
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