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15 octobre 2021 5 15 /10 /octobre /2021 03:07
Homélie du 29e Dimanche du Temps Ordinaire - Année B

 

 

Rassasie-nous de ton amour Seigneur,

 

 

Nous serons dans la joie !

 

 

     Prenons le temps de savourer chacun des mots du psaume 32 qui nous est proposé entre les deux premières lectures. Il exprime un désir, une envie, non pas celle de s'emparer de la richesse, du pouvoir et des honneurs que peuvent avoir certains, mieux placés que nous sur l'échelle sociale (comme semblent être les sentiments de Jacques et Jean dans le récit de l'évangile), mais celle de savoir et de pouvoir demeurer en paix avec le Seigneur.

 

     « Que ton amour, Seigneur, soit sur nous, comme notre espoir est en toi. »

 

     Que l'amour du Seigneur puisse nous toucher, nous envelopper, nous combler, nous rassasier, nous apaiser ! « La terre est remplie de son amour ! ». Comme la laine enveloppe le mouton à l'entrée du l'hiver, la miséricorde de Dieu nous enveloppe. Quelle en est notre attention ? Comment est-ce que je puis continuer à en faire l'expérience et le vivre ? L'auteur du psaume ne vivait pas dans une époque protégée. Il était, comme tout le monde, confronté aux violences, drames et scandales qu'offrent le monde et ses institutions. Son monde à lui était plutôt cruel et violent. Pourtant, l'assurance de la présence de l'amour du Seigneur ne le quitte pas, il sait demeurer en paix, en relation, en dialogue, avec l'auteur de sa vie, avec la source même de son énergie. Il sait que la miséricorde sera toujours plus forte que la haine ou la violence.

 

 

 

Envies de Pouvoir

 

 

     C'est l'histoire d'un artiste peintre qui regarde sa toile, et la trouve ridiculement petite pour le génie qu'il pense avoir de lui-même. En conséquence, il ne parvient pas à se décider à commencer à peindre quoi que ce soit. Il remet son ouvrage à plus tard. Il se met à chercher un fournisseur qui pourrait lui fournir une toile de haute qualité, aussi large et haute que son génie. Il ne parvient pas à en trouver sur le marché, malgré des recherches incessantes. Et puis, finalement, il réussit à trouver un fournisseur qui accepte d'en confectionner une, sur demande. La plus belle toile que l'on ait jamais vu, et immense avec cela ! Ils mettent beaucoup de temps à se mettre d'accord sur la qualité et la taille de la toile. Et puis, la confection de cette toile de qualité exceptionnelle prend du temps, beaucoup de temps, car les matériaux sont difficiles à se procurer. Lorsque finalement, il la reçoit chez lui après bien des années d'attente, l'artiste-peintre est déjà tellement affaibli par la maladie et par l'âge qu'il n'a même plus la force de peindre quoi que ce soit. L'immense génie que cet artiste peintre a pensé avoir de lui-même l'aura finalement empêché de peindre quoi que ce soit, et l'aura détourné de ce qu'il aurait pu faire de beau et d'utile. Il est passé à côté de sa mission et de sa vocation. Son orgueil a détruit son génie. Son avidité a détruit ses facultés.

 

     Les disciples Jacques et Jean ressemblent à cet artiste peintre qui recherche un cadre plus grand afin qu'il puisse y déployer, pense-t-il, toute la mesure de son génie artistique. Jacques et Jean veulent siéger l'un à droite, l'autre à gauche de Jésus, dans la gloire, dans le royaume, qu'ils comprennent probablement comme une sorte de gouvernement qui règne sur les peuples. Ils cherchent la bonne place. Ils ont de l'ambition pour eux-mêmes. Nous pouvons deviner le salaire, les privilèges et les honneurs attachés à cette position enviable. S'ils suivent Jésus dans ses pérégrinations incessantes et inconfortables, cela ne doit pas être pour rien ! Ils ont une espérance bien concrète dans le fait que leurs efforts soient finalement grassement récompensés. Il est tout de même bien normal que les disciples de la première heure aient des privilèges ! Ils voient grand pour eux-mêmes. Ils recherchent un cadre plus grand, mais sans mentionner quoi que ce soit de ce que pourrait en être le contenu. Sans même chercher à le définir.

 

     La réponse de Jésus se veut un questionnement qu'il adresse aux disciples Jacques et Jean : pouvez-vous endurer les souffrances attachées à ce genre de position ? Pouvez-vous accomplir les conditions qui sont liées au statut que vous demandez ? Jésus parle du contenu du costume, de ce qu'ils vont être appelés à vivre et à effectuer dans une telle position qu'ils envient, alors que les disciples ne considèrent que la taille du-dit costume. La sagesse africaine nous dit que lorsque une personne grimpe dans un cocotier, il faut accepter que ceux restés à terre puissent contempler son derrière ! Et puis, plus cette personne est haut perchée, plus la chute risque de lui faire mal. Mais ce n'est pas du tout comme cela que Jacques et Jean considèrent les choses !

 

     Beaucoup des luttes et des batailles contemporaines sont, me semble-t-il, dans le but d'agrandir la taille de nos cadres, de repousser nos limites et parfois de s'emparer des cadres des autres. La plupart du temps, nos limites sont perçues comme des enfreintes insupportables à notre liberté inaliénable. Pour certains, c'est la volonté et le désir humain qui sont portés vers la toute-puissance ; pour d'autres, ce sont l'envie et la jalousie qui mènent les activités. Mais vers quel monde tous ces sentiments nous mènent-t-ils ? Que sont-ils en train de construire ?

 

     Le combat que nous rappelle Jésus, celui qui vaut la peine selon lui, est-il tant celui d'agrandir nos cadres plutôt que de bien remplir ceux que nous avons déjà reçus ? Jésus le définit ainsi : faire notre devoir, souffrir avec patience les difficultés et les frustrations que nous recevons, prendre soin de la qualité de nos relations. Voilà peut-être ce qui nous est demandé, plutôt que d'envier le voisin lorsqu'il est perché un peu plus haut que soi-même. Pour s'en convaincre, prenons le temps de regarder, de contempler la personne de Jésus et de s'inspirer de ses paroles et de son exemple. Contre l'orgueil de la toute-puissance, contre l'envie et la jalousie, Jésus nous demande l'humilité de reconnaître notre condition dans sa vérité. Notre condition est la suivante : nous sommes des êtres bien fragiles et limités, et cela que nous le voulions ou non, ou que cela nous fasse plaisir ou pas. Notre vocation première n'est pas de grandir vers la toute-puissance, mais de servir le mieux possible les personnes que nous avons la chance de rencontrer. En particulier celles et ceux qui souffrent le plus et qui en ont le plus besoin.

 

 

 29e Dimanche Temps Ordinaire – Année B

 

 

1. Isaïe 53, 10-11 : le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes.

 

2. Psaume 32 : que ton amour, Seigneur soit sur nous, comme notre espoir est en toi !

 

3. Hébreux 4, 14-16 : avançons-nous avec assurance vers le trône de la grâce.

 

4. Marc, 10 : 35-45 : le fils de l'homme est venu donner sa vie en rançon pour la multitude.

 

 

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