Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 septembre 2021 5 24 /09 /septembre /2021 07:07
Chapelle de la Maison Natale de Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus - Alençon

Chapelle de la Maison Natale de Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus - Alençon

 

 

Le Grand Renversement !

 

 

     Dans la langue parlée de Jésus qui est la langue araméenne, le mot « enfant » est le même que celui de « serviteur » ou d'« esclave ». Cela signifie donc que Jésus aussi faisait des jeux de mots, et nous pourrions traduire différemment le verset de l'évangile que nous avons tout juste entendu. Ainsi « si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier et le serviteur de tous, » pourrait être traduit par ceci : « si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier et l'enfant de tous », ce qui amorcerait le lien avec l'épisode qui suit, celui dans lequel Jésus accueille et embrasse des enfants.

 

     Il ne faudrait pas s'imaginer que la place de l'enfant dans la société du temps de Jésus soit similaire à la nôtre. Il n'en n'est rien : L'enfant ne tenait guère de place dans la société du temps de Jésus. Par exemple, l'enfant n'était pas protégé, il était possible de l'abandonner, de le tuer même, sans impunité, les sanctions n'étant pas prévues. L'enfant ne représentait en aucune façon le modèle de l'innocence et de la simplicité, mais le type de ce qui n'a pas d'importance, de ce qui n'a ni gloire, ni honneur, ni mérite. L'enfant ne compte pas, il est insignifiant, on peut donc le négliger. Rien à voir donc, avec « l'enfant roi », expression que nous entendons souvent aujourd'hui, afin de rendre compte des nombreuses attentions que ceux-ci reçoivent à notre époque. Expression qui nous fait penser aux « enfant gâtés. »

 

     L'enfant, dans la société du temps de Jésus a tellement peu d'importance, qu'il est possible de se permettre de ne pas le considérer, de ne pas le regarder. Il est « l'invisible » par excellence. Il est souvent négligé ou même méprisé, comme lorsque l'on utilise le vocabulaire de la « gaminerie ». L'attention de Jésus pour les enfants peut ainsi se rapprocher de son comportement vis-à-vis des publicains et des prostituées : ce n'était ni naturel ni spontané de son temps, car ils étaient plutôt méprisés, et cela a dû beaucoup marquer les esprits de son époque.

 

     L'attitude de Jésus envers les enfants révèle quelque chose de l'amour de Dieu : il est entièrement gratuit, il n'attend rien en retour. Si Jésus prête une grande attention aux enfants, ce n'est aucunement par calcul, par stratégie ou par intérêt. C'est tout à la différence des disciples, qui eux, recherchent la compagnie des personnes qui pourront les aider à avoir une bonne place, un rang social élevé et une bonne paie. Les disciples pensent ainsi que la personne de Jésus pourra servir leurs ambitions et leurs soifs de pouvoir !

 

     La Bonne Nouvelle d'aujourd'hui consiste donc en ceci : le Royaume est donné gratuitement à tous ceux qui sont négligés, méprisés, sans tenir compte de la reconnaissance sociale ni même des perfections ou des mérites. Le gamin d'autrefois qui ne comptais pas, c'est peut-être le vieux d'aujourd'hui qui a du mal à être considéré et qui ne reçoit aucune visite.

 

     Le corollaire, beaucoup plus difficile à entendre pour les disciples, et pour nous aussi sans doute, c'est la demande faite aux amis de Jésus qui est celle de chercher à ressembler aux enfants, et donc de combattre tout désir de grandeur, toute démesure, où pourraient les conduire leurs ambitions humaines. Jésus demande à ses amis d'avoir l'ambition de ne compter pour rien, de ne pas chercher à impressionner ni à acquérir des privilèges. Jésus demande rien de moins à ce que nos manières de penser et de vivre ne s'inspirent pas de ce que le monde nous offre à regarder, mais de ce que lui-même nous montre, par sa vie et par son exemple.

 

     Un peu plus loin, dans le même évangile, Jésus nous précisera cette règle : « celui qui veut être le premier sera l'esclave (et donc l'enfant, le gamin) de tous : car le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Marc 10, 45 ). C'est la manière dont Jésus a aimé, qui est appelé à inspirer, animer, orienter et guider nos comportements et nos relations.

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires